Bonnard, « un Nabi très japonard »

 « Bien que fréquemment dénigré́, ce métissage culturel entre l’Orient et l’Occident fut pourtant à l’origine – tant en peinture qu’au théâtre et à l’opéra – d’oeuvres d’une extraordinaire beauté. »

Japonisme, Échanges culturels entre le Japon et l’Occident, Lionel Lambourne

      Pierre Bonnard est né en 1857 et est mort en 1947. Il s’inscrit dans l’histoire de la peinture comme un peintre nabi d’avant garde ayant pour héritage les travaux des impressionnistes qui ont révolutionnés l’idée même de la peinture. Bonnard peint Le peignoir en 1892, c’est, en France, le début de la IIIe république et d’une certaine stabilité politique à la fin d’un XIXe siècle tourmenté dont les artistes romantiques sont les témoins. L’attraction de l’ailleurs se fait alors de plus en plus forte dans une Europe frustrée et en pleine colonisation. A l’Orientalisme succède alors peu à peu le japonisme. Nous verrons donc comment les Nabis, par l’exemple de Bonnard, envisagent l’art de l’estampe japonaise et se l’approprie.

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Pierre Bonnard, Le Peignoir

Les nabis sont un groupe de peintres qui se retrouve pour travailler ensemble comme Vuillard, Denis ou Bonnard. Ces artistes regardent la peinture avec un œil et remettent en question la peinture occidentale et ses conventions. Ils proposent des œuvres sensuelles à la limite de l’abstraction. Ils s’inspirent aussi d‘estampes japonaises pour mieux les transcender et arriver à une peinture métissée qui serait la leur.

Dans Le Peignoir, Pierre Bonnard emprunte le format du kakemono propre aux estampes japonaises. En effet, le « Nabis très japonard » tel que le surnommait Picasso s’approprie l’ailleurs pour créer sa propre œuvre en s’y référant. La femme est représentée en pied comme les guerriers japonais ou les « beautés ».

Le tableau est aussi dépourvu de toute perspective, juste des aplats de couleurs. Les formes simples sont crées par petites touches comme l’on peut le voir pour les fleurs blanches en bas à gauche du tableau ou pour les motifs de l’habit. Les couleurs sont en parfaite harmonie : jaune, orangé, vert clair et brun. Elles sont rehaussées de noir qui structure le tableau que ce soit dans la chevelure, en bas à gauche de la toile et un trait délimitant le peignoir du fond du tableau. Ce trait noir rappelle aussi la calligraphie japonaise. On retrouve cette inspiration dans la signature du peintre.

Le visage à peine esquissé de la femme montre, que l’artiste ne cherche pas tant à la représenter qu’à montrer l’harmonie des formes et la stylisation du tableau.

J.D.

Webographie :

Gérard BERTRAND, « BONNARD PIERRE – (1867-1947) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 mars 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/pierre-bonnard/

David E. GLIEM, Japonism and Bonnard’s Invention of moderne poster[en ligne], consulté le 8 mars 2015. URL : http://www.academia.edu/2070503/Japonisme_and_Bonnards_Invention_of_the_Modern_Poster

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