Présentation: le japonisme en question

   « Un soir de 1865, la princesse Mathilde était « d’un révolutionnarisme terrible, elle [déclarait] tout haut et violemment qu’elle préférait un vase japonais à un vase étrusque »1

   Les rapports entre l’Europe et le Japon ont été très fluctuants au cours des siècles, d’un isolement volontaire de la part du Japon durant plusieurs siècles, à un engouement sans précédent des Européens pour la culture japonaise au XIXe siècle, illustré par cette anecdote rapportée par les frères Goncourt. L’engouement auquel on donna alors le nom de Japonisme marqua durablement l’Europe et est aujourd’hui considéré comme un courant majeur de la fin du XIXe. L’intérêt constant porté à ce phénomène a donné lieu à un certain nombre d’études, pour tenter de le définir, ainsi que l’impact qu’il a pu avoir sur l’art européen, de James Tissot à Toulouse-Lautrec, de l’architecture à l’art de l’affiche, des objets du quotidien à une véritable révolution de  « l’optique des peuples occidentaux ».

   Ce blog est née d’un questionnement de trois étudiantes en histoire de l’art sur la véritable nature de ce mouvement que nous avions eu l’occasion de croiser, sans véritablement l’étudier en tant que tel. Nous nous sommes en effet aperçues que nous ne le connaissions que par le biais des multiples domaines et artistes qu’il a concernés. De ces définitions assez confuses que nous nous étions chacune construite à partir de nos connaissances éparses, a vu le jour la volonté de les remettre à plat, et de reprendre par nous même les différentes sources proposant une étude sur le japonisme afin d’en extraite une définition claire et actualisée. Cette définition du courant japoniste part d’un constat unanimement reconnu : l’influence des estampes japonaises sur l’art européen, nous poussant à nous demander :

      Quelle influence l’afflux d’estampes japonaises à partir du milieu du XIXe siècle a-t-il eu sur la production artistique européenne ?

    Nous nous intéresserons exclusivement aux productions graphiques et picturales de la seconde moitié du XIXe, afin de ne pas perdre notre lecteur dans la trop grande complexité des ramifications de ce courant. Nous nous attacherons ainsi à en distinguer les différentes phases, la nature des influences et les artistes concernés, à travers une série d’articles.

    Ces articles s’appuieront sur différentes sources numériques que nous nous appliquerons à croiser, comparer, et parfois à critiquer, pour en retenir l’essentiel afin de peu à peu aboutir à une définition claire et accessible, tout en étant scientifique et rigoureuse.

    Ainsi nous nous proposons de réaliser un blog que tout amateur d’art, de la culture japonaise ou du XIXe siècle pourrait être amené à consulter et qui lui serait accessible, quelque soit son niveau de connaissance préalable. Pour cela, nous mettrons à la disposition du lecteur un certain nombre d’outils permettant d’en faciliter l’accès, comme un lexique ou des entrées biographiques concernant les différents acteurs du mouvement que nous serons amenées à évoquer.

    Nous cherchons également à rendre attractif, de par ses illustrations, et en nous penchant également sur la notion du japonisme telle qu’elle a été abordé à travers les différentes expositions qui ont pu prendre ce courant pour thème ou l’explorer en lien avec la production d’un artiste spécifique.

Bonne lecture !

H. A.,  J.D.,  N.D.

1THYRION, Yvonne, « Le japonisme en France dans la seconde moitié du XIXe siècle à la faveur de la diffusion de l’estampe japonaise », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 1961, volume 13, pp. 121. En ligne [consulté le 25/02/2015 ].