Entre Bretagne et Japon : Le motif de l’arbre

Dans le cadre du « Japonisme en Bretagne 2012 », les musées de la Bretagne se consacrèrent aux relations entre le Japon et la région, et ce fût notamment le cas du musée des Beaux-Arts de Quimper qui a revu ses collections au prisme de cette thématique. Ainsi, une exposition a été  consacrée du 2 mars au 28 mai 2012 à un pan de ce thème du japonisme, « L’Arbre et la forêt, du Pays du soleil-levant au bois d’amour ».

Georges Lacombe, La forêt au sol rouge, 1891

Georges Lacombe, La forêt au sol rouge, 1891. Licence libre de droit Wikipedia

L’exposition se centre donc sur le sujet de l’arbre en s’intéressant de près au rôle que l’estampe a joué dans la diffusion de ce motif. L’idée d’un tel point de vue a été donnée par deux œuvres présentes au musée : La Forêt au sol rouge de Georges Lacombe et Paysage avec des arbres ou Derniers rayons de Félix Vallotton, deux œuvres majeures du japonisme en France représentant des arbres à la manière japonaise. Pour mettre en perspective ces œuvres, des estampes des plus grands maitres japonais tels que Hokusai ou Hiroshige ont fait l’objet d’un accrochage en confrontation avec les œuvres françaises qui englobent le mouvement des Nabis et de l’école de Pont-Aven. Les nouvelles manières de représenter l’espace et des innovations graphiques de ces courants comme la juxtaposition d’aplats colorés ou des effets de décentrement et d’obliques sont ainsi montrés comme apportées par l’art japonais de l’estampe.

Hokusai, Lake Suwa in Shinano province, 1830. Licence libre de droit WIkipedia

Hokusai, Lake Suwa in Shinano province, 1830. Licence libre de droit WIkipedia

Cette exposition, si elle reste très classique dans sa muséographie et son choix de sujet ancré dans l’actualité de l’art (cf. article), apporte néanmoins une grande pédagogie dans la connaissance de l’art japonais. En effet, le musée de Beaux-Arts de Quimper a mis à disposition du grand public un dossier pédagogique consultable en ligne et richement fourni. Sont données beaucoup d’éléments faciles d’accès pour comprendre l’art japonais à travers ses techniques ou sa philosophie. La définition de l’Ukiyo-e est assez exemplaire puisqu’elle remet en perspective cet art dans une culture japonaise appréhendant différemment l’art par rapport à un œil occidental. Une définition du japonisme et une présentation de ses différents protagonistes est aussi consultable; même une courte histoire de la représentation de l’arbre dans la peinture est disponible pour une meilleure compréhension de l’exposition. Vous trouverez d’ailleurs à la page 28 de ce dossier pédagogique un lexique, permettant, comme nous le voulons dans ce blog, d’élargir le champ de connaissance du grand public, avec un vocabulaire précis concernant le sujet traité.

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N.D.

Van Gogh, rêves du Japon / Hiroshige, l’art du voyage

Affiche Pinacotheque de Paris © Pinacothèque de Paris

Affiche Pinacotheque de Paris © Pinacothèque de Paris

« Voyons, on aime la peinture Japonaise, on en a subi l’influence, tous les impressionnistes ont ça en commun, et on n’irait pas au Japon c. à d. ce qui est l’équivalent du Japon, le midi. Je crois donc qu’encore après tout l’avenir de l’art nouveau est dans le midi. », Vincent Van Gogh.

L’artiste-peintre le plus emblématique du courant du japonisme est sans aucun doute Vincent Van Gogh. Il est un des premiers peintres à s’intéresser profondément à l’art japonais dans une volonté de renouveler l’art européen. Il se pose ainsi comme avant-garde des mouvements ultérieurs qui s’intéresseront aux arts hors de l’Europe pour enrichir leur propos. On pensera par exemple au mouvement cubiste et son intérêt pour l’art africain.

La Pinacothèque de Paris a ainsi choisi, durant la période du 3 octobre 2012 au 17 mars 2013, de mettre en place deux expositions simultanées : Van Gogh, rêves du Japon et Hiroshige, l’art du voyage. Ceci est bien sûr un choix muséographique clair de confrontation entre les œuvres des deux artistes, l’un japonais, l’autre hollandais, tout en leur laissant la latitude des expositions monographiques permettant une meilleure appréhension d’un travail artistique personnel.

Cette exposition veut aussi mettre en avant la place prépondérante qu’a eu le travail d’Hiroshige dans la diffusion des estampes en Europe. En effet, le dossier de presse mis en ligne par la Pinacothèque tient à mettre en avant cette idée : L’art d’Hiroshige a été oublié en Europe face à la suprématie du nom d’Hokusai et l’exposition tient avant tout à réparer cet oubli. Cette exposition s’inscrit donc dans un mouvement d’ensemble de réhabilitation et de nouvel intérêt pour les apports japonais à l’art européen. (Voir cet article)

A gauche, Ukiyo-e, Hiroshiga / A droite, Japonaiseries, Van Gogh Licence libre de droit Wikipedia

A gauche, Ukiyo-e, Hiroshiga / A droite, Japonaiseries, Van Gogh
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Vincent Van Gogh, Hôpital à Saint Rémy, 1889. Licence libre de droit WIkipedia

Vincent Van Gogh, Hôpital à Saint Rémy, 1889. Licence libre de droit WIkipedia

L’exposition, dédiée à Van Gogh, qui nous intéresse particulièrement par son choix d’œuvres directement positionnées dans le japonisme, a pour volonté de marquer l’influence des estampes sur Van Gogh au-delà simplement de quelques œuvres copiant l’art d’Hiroshige. L’influence est ici analysée comme plus profonde, s’inscrivant dans l’appréhension même du paysage qui s’inspire à partir de 1887 de l’œuvre d’Hiroshige et de bien d’autres artistes japonais. L’exemple visible ci-dessus nous montre que Van Gogh a effectivement copié certaines des œuvres d’Hiroshige, mais il s’en est essentiellement inspiré pour produire des œuvres originales  par leur cadre ou leur sujet. En effet, l’influence se traduit d’abord par un même cadrage des sujets choisis qui font eux-aussi parfois référence à l’estampe japonaise. Les utilisations référencées de la lumière et des couleurs sont aussi vues comme des influences plus implicites. L’art japonais permet aussi à Van Gogh d’acquérir une nouvelle technique de dessin avec l’instrument du roseau taillé qui lui fait expérimenter de nouvelles formes de silhouettes ou de paysages.  Mais l’exposition met aussi en lumière d’autres références nippones utilisées par Van Gogh, tel que la poterie et laques japonaises, visibles notamment à travers l’œuvre Amandier en fleur visible ci-dessous.

Vincent Van Gogh, Amandier en fleur, 1890 Licence libre de droit Wikipedia

Vincent Van Gogh, Amandier en fleur, 1890
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Le dossier de presse, et par là l’exposition, est d’autant plus appréciable qu’elle essaie de remettre en perspective la notion de japonisme en posant des questions sur cette fascination pour le Japon, et ses implications d’un point de vue sociale ou politique. En effet, selon l’article, l’étude du japonisme ne se fait pour l’instant que d’un point de vue formaliste, et essaie d’analyser ce mouvement du point de vue d’une Histoire sociale de l’art. (Cf. article)

N.D.

Ukiyo-e

Ce terme qui se traduit littéralement par « image du monde flottant », désigne un style d’estampe très coloré illustrant les nouveaux plaisirs de la vie bourgeoise se développant à l’époque Edo (XVIIe-XIXe siècle). Mais à travers ces représentations, c’est le monde illusoire, « flottant », qui est mis en dessin comme le veut la pensée bouddhiste.

N.D.