L’exposition Bonnard, peindre l’Arcadie au musée d’Orsay

Le musée d’Orsay consacre, au début de l’année 2015, une grande exposition monographique au peintre français Pierre Bonnard.

Photographie de l'affiche de l'exposition Bonnard, peindre l'Arcadie au musée d'Orsay (Paris) - (J.D.)

Photographie de l’affiche de l’exposition Bonnard, peindre l’Arcadie au musée d’Orsay (Paris) – (J.D.)

   Bonnard, peindre l’Arcadie, du 17 mars au 19 juillet au Musée d’Orsay à Paris, ouvert tous les jours sauf le lundi de 9h30 à 18h (nocturne le jeudi jusqu’à 21h45). Toutes les informations pratiques sur le site du musée ici.

Photographie de l'exposition Bonnard, peindre l'Arcadie (J.D.)

Photographie de l’exposition Bonnard, peindre l’Arcadie (J.D.)

La première salle de l’exposition est consacrée à l’influence de l’art japonais dans l’oeuvre du peintre. Cette salle donne les grandes lignes de lecture de l’oeuvre de Pierre Bonnard. On y trouve notamment Le Peignoir (Voir article sur Bonnard). Mais si l’exposition a bénéficié d’une grande couverture médiatique importante notamment par le biais des affiches dans l’espace public, le site internet du musée d’Orsay n’a pas beaucoup mis en avant l’exposition événement. Sur la page d’accueil un onglet fait le lien avec la page du site dédié à l’exposition. La page est simple avec un petit texte de présentation et mise en avant des publications du musée autour de l’évènement. On trouve en bas de page les noms et logos des principaux partenaires financiers de l’exposition Bonnard : peindre l’Arcadie. La page est dépourvue d’images et de lien hypertexte à l’exception d’un qui renvoie vers une page plus détaillée sur l’exposition.

Capture d'écran de la page web du musée d'Orsay le 26 avril 2015

Capture d’écran de la page web du musée d’Orsay le 26 avril 2015

Cette nouvelle page a une présentation classique mais le contenu n’occupe qu’un quart de la fenêtre. À partir de cette page ne peut accéder à neuf autres demi-pages de texte avec de petites photos. Le musée reprend alors ici le texte affiché dans les salles de l’exposition. Il n’y a là encore pas de lien hypertexte renvoyant à d’autres pages ou articles. On notera aussi que le site du musée d’Orsay ne s’adapte pas facilement au format des tablettes et des téléphones portables. La lecture n’est pas agréable sur ces supports. D’autre part malgré les nombreuses allusions aux estampes japonaises (kakémono notamment) elles ne sont jamais illustrées que ce soit dans l’exposition ou sur les supports numériques. L’exposition met en avant l’importance de l’estampe japonaise, sur l’oeuvre de Bonnard cependant aucun parallèles est directement fait entre des estampes et les toiles du peintre français.

J.D.

Webographie :

Musée d’Orsay, « Pierre Bonnard, peindre l’Arcadie », consulté le 13 avril 2015. URL : http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-generale/article/pierre-bonnard-41180.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=254&cHash=3bf97287be

Bonnard, « un Nabi très japonard »

 « Bien que fréquemment dénigré́, ce métissage culturel entre l’Orient et l’Occident fut pourtant à l’origine – tant en peinture qu’au théâtre et à l’opéra – d’oeuvres d’une extraordinaire beauté. »

Japonisme, Échanges culturels entre le Japon et l’Occident, Lionel Lambourne

      Pierre Bonnard est né en 1857 et est mort en 1947. Il s’inscrit dans l’histoire de la peinture comme un peintre nabi d’avant garde ayant pour héritage les travaux des impressionnistes qui ont révolutionnés l’idée même de la peinture. Bonnard peint Le peignoir en 1892, c’est, en France, le début de la IIIe république et d’une certaine stabilité politique à la fin d’un XIXe siècle tourmenté dont les artistes romantiques sont les témoins. L’attraction de l’ailleurs se fait alors de plus en plus forte dans une Europe frustrée et en pleine colonisation. A l’Orientalisme succède alors peu à peu le japonisme. Nous verrons donc comment les Nabis, par l’exemple de Bonnard, envisagent l’art de l’estampe japonaise et se l’approprie.

Jpeg

Pierre Bonnard, Le Peignoir

Les nabis sont un groupe de peintres qui se retrouve pour travailler ensemble comme Vuillard, Denis ou Bonnard. Ces artistes regardent la peinture avec un œil et remettent en question la peinture occidentale et ses conventions. Ils proposent des œuvres sensuelles à la limite de l’abstraction. Ils s’inspirent aussi d‘estampes japonaises pour mieux les transcender et arriver à une peinture métissée qui serait la leur.

Dans Le Peignoir, Pierre Bonnard emprunte le format du kakemono propre aux estampes japonaises. En effet, le « Nabis très japonard » tel que le surnommait Picasso s’approprie l’ailleurs pour créer sa propre œuvre en s’y référant. La femme est représentée en pied comme les guerriers japonais ou les « beautés ».

Le tableau est aussi dépourvu de toute perspective, juste des aplats de couleurs. Les formes simples sont crées par petites touches comme l’on peut le voir pour les fleurs blanches en bas à gauche du tableau ou pour les motifs de l’habit. Les couleurs sont en parfaite harmonie : jaune, orangé, vert clair et brun. Elles sont rehaussées de noir qui structure le tableau que ce soit dans la chevelure, en bas à gauche de la toile et un trait délimitant le peignoir du fond du tableau. Ce trait noir rappelle aussi la calligraphie japonaise. On retrouve cette inspiration dans la signature du peintre.

Le visage à peine esquissé de la femme montre, que l’artiste ne cherche pas tant à la représenter qu’à montrer l’harmonie des formes et la stylisation du tableau.

J.D.

Webographie :

Gérard BERTRAND, « BONNARD PIERRE – (1867-1947) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 mars 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/pierre-bonnard/

David E. GLIEM, Japonism and Bonnard’s Invention of moderne poster[en ligne], consulté le 8 mars 2015. URL : http://www.academia.edu/2070503/Japonisme_and_Bonnards_Invention_of_the_Modern_Poster

Le regard du XXIe siècle sur le japonisme : vers une définition plus complète et complexe

   Le terme « japonisme » a résonné sur la scène artistique européenne de la fin du XIXe et du début du XXe, reprenant l’appellation employée par le collectionneur d’art français Philippe Burty vers 1870, avant que ne s’en emparent les historiens de l’art au XXe et encore à l’heure actuelle, pour tenter de définir sa nature, son champ d’application et ses origines.

   L’examen de l’historiographie permet de mettre en évidence une évolution notable quant à l’appréhension de ce terme, de laquelle dépend l’angle d’étude privilégié par les historiens de l’art. Ainsi nous nous proposons de comparer deux articles scientifiques, le premier datant de 1961, le second de 2008, afin d’illustrer cette évolution dans l’approche du japonisme, et les modifications apportées par diverses contributions depuis les années 1960.

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